On pourrait presque croire que 20000 euros c'est beaucoup.
Et bien non.
J'en connais un qui a pris un missile de 130 000 euros d'amende...
En pôle position.
Son tort ?
Délit de générosité, excès de partage, fournisseur libre de culture.
Ah ! si nous avions eu des âmes d' Harpagon, mon bon Molière, nous aurions pu payer ces amendes à caractère intergalactique !
Au final, le seul délit dans notre société c'est de ne pas faire de fric ! D'avoir négligé d'en faire commerce. Car, si un tel esprit nous avait possédés, nous les aurions payer vos amendes et encore rubis sur l'ongle !
Nous aurions collaboré à la bonne mise à sac de la culture, de l'esprit de communauté et de partage.
Mais peut-être nous prenez-vous pour de bien doux rêveurs ? De gentils crétins cherchant à changer le monde ? Nous ne sommes que le peuple après tout, une notion bien négligeable dans vos calculs financiers, n'est-ce pas ?
Par contre, et pour votre gouverne, sachez que nous sommes des millions. Des millions à partager et à télécharger. Là, au moment même où vous lisez ces lignes. À flux tendu -pour reprendre une expression très en vogue et digne d'une pendaison en direct -.
Nous ne sommes pas des cas isolés, des révolutionnaires en herbe, des trublions sans foi ni loi.
Nous sommes ceux qui triment dur tous les jours pour une poignée de cacahuètes. Enfin, quand il reste du boulot et des cacahuètes..
Je sais, je sais... nous vous sommes exotiques, nous sommes les lampes de poche de vos conversations, il suffit que vous parliez à propos de nous dans vos cocktails chics et privés pour que des airs graves et affligés s'allument sur votre visage. Et, deux coupettes de champagne plus tard, vous vous demandez pourquoi on ne comprend pas que le téléchargement tue la culture?
Oui c'est vrai, nous flinguons votre culture du profit à tout va et vos raisonnements transgéniques peuplés de lois qui nuisent gravement à l' épanouissement de tous.
Et nous sommes fier de cela.
Mais au final, tout ça, c'est pas seulement une histoire d'argent.
C'est bien autre chose en fait.
Lorsqu'on vous condamne comme 'Pirate ', sachez que ça vous coupe l'herbe sous les pieds,mais aussi ça vous rabote tellement les neurones des fesses qu'on a du mal à avoir une assise correcte dans notre bonne vieille société.
Tout projet, avec la clé une perspective vie à peu près décente, se retrouve au tapis.
Mais c'est un BIEN, car toutes des heures, journées, mois, années ne sont pas perdus. Chaque jour nous rend un peu plus forts, un peu plus lucides. Vous nous obligez à une culture de RÉSISTANCE, de SOLIDARITÉ .
Vous nous condamnez à devenir des femmes et des hommes libres, responsables et dignes.
Vous voudriez nous arracher un MP3 Culpa sur la place publique ?
En vertu de quoi, exactement ?
Car vous dites représenter les artistes et être leur champion ?
Expliquez-moi alors pourquoi 82 000 des sociétaires de la SACEM sur 128 000 n'ont rien touché en 2008? (source: la lettre des Sociétaires de la SACEM nº 73 du mois d'avril 2009)
Mesdames et Messieurs des sociétés d'auteur, des industries culturelles, des assemblées nationales, des parlements, des sénats, il ne faudrait pas confondre, le père du droit d'auteur 'Beaumarchais ' et 'Bon marché '.
Je sais qu'avec l'âge opèrent en nous quelques dysfonctionnements majeurs, dont la baisse de l'ouïe, mais aussi, une plus grande difficulté à appréhender le monde, son évolution, ses changements inéluctables.
Alors, pour rappel, vous nous laissez en héritage un monde ravagé par la crise, la pollution et la peur de l'autre.
Regardez un peu ce saccage. Vous en êtes les architectes, les philosophes, les meneurs, les décideurs.
Vous n'êtes qu'en représentation de vous-même et prêts à tout pour conserver vos sociétés monolithiques et opaques.
Au mépris de chaque citoyen, vous édifiez des lois dangereuses, niant l'essence même de l'un de nos droits les plus fondamentaux : le droit au bonheur.
Vous piétinez ce que l'être humain a de meilleur en soi et le spectacle que vous offrez est indigne.
Aujourd'hui, l'indignation et la colère font partie de notre quotidien, c'est notre pain.
Notre pain noir.
Voici donc l'histoire de SEB, une personne de plus à ajouter sur le tableau de la chasse aux citoyens.
On détruit sa vie parce qu'il a agi avec générosité.
J'espère que vos messages d'encouragements pour lui seront nombreux.
J'espère que des médias lui offriront un espace de parole.
J'espère que vous ne le laisserez pas dans le silence et l'indifférence.
SOUTENEZ SEB
James
Quel merveilleux billet. J'admire la maitrise dont tu fais preuve dans cet article, cette façon de retenir une haine légitime pour un système corrompu et destructeur.
RépondreSupprimerMais il y a une question à laquelle personne ne semble vouloir répondre. Puisque tout le monde "pirate" (que ce soit en téléchargeant ou en échangeant des fichiers directement de disque à disque), puisque le peuple tout entier est "coupable", mais que c'est aussi ce peuple qui "démocratiquement" élu ceux qui l'ont incriminé... Que fait on !?
Dit autrement, l'"élite" qui nous gouverne nous méprise, mais sachant que NOUS les avons mis au pouvoir, comment leur donner tord ?
Nous savons que la gauche aurait proposé peu ou prou les mêmes textes, et le PP (ou ses idées) n'ont pas la moindre chance de parvenir au pouvoir avant des années...
En attendons que fait on ? Ne rien faire et les laissez prendre au hasard quelques personnes comme toi pour "faire des exemples" et simplement attendre qu'ils se lassent ? Entrer en résistance ? Comment ? Les manifestations ne donnent rien. Nous sommes tous occupés avec nos vies, nos enfants, nous travaillons dur pour pouvoir au moins vivre décemment. Comment faire cohabiter une vie de famille au quotidien, et une lutte sur le long terme contre un pouvoir politique et financier qui nous dépasse totalement ? Les groupements d'internautes existent (PP, ligue odebi, quadrature...) mais personne ne sait vraiment que faire. De la contre-propagande, bien sur, mais à part ça ?
Des initiatives comme www.nosdeputes.fr peuvent aussi nous aider à les attaquer de front. A les dénoncer devant les urnes, à harceler en pleine campagne. Ce n'est que si une majorité de citoyen devient un citoyen résistant que nous pourrons peut être changer les choses.